domingo, 6 de novembro de 2016

"La question de la confession reste quelque chose d’intime"




Je suis française, d’origine maghrébine par mon père. La question de la confession reste quelque chose d’intime. Mon père m’a transmis les valeurs de paix et de tolérance de l’islam. Cette éducation que j’ai reçue, j’ai pu la retrouver dans les écrits. J’ai décidé d’être pratiquante, sans porter le voile, quand j’avais 23 ans. Je n’ai jamais rencontré de problème de discrimination. En revanche, même si je continue de penser que notre société reste globalement tolérante, je sais qu’une femme qui décide de se voiler aujourd’hui en France peut s’attendre à une épreuve, c’est évident et ça me désole.

«Pour moi, la pratique religieuse est individuelle et intime. Sur les questions de "visibilité", de "discrétion", j’interroge la notion de liberté en France. Jusqu’où et pour qui ? On a parfois l’impression qu’il existe une liberté à deux vitesses. Vous êtes libre à partir du moment où vous correspondez à une idée que veut imposer un certain nombre. Ce n’est pas du tout ça le principe de laïcité. Le voile et le burkini sont de faux problèmes qui tendent à discriminer et à créer des communautés, d’autant que les interdictions interviennent suite aux attentats et sous-tendent un lien trop rapide entre pratique religieuse et radicalisation. Les femmes qui les portent ne représentent pas une menace pour la France. Sur une plage, je ne suis pas plus dérangée de voir une femme en burkini que de voir une femme avec un string et pas de haut, chacun demeure libre. Il a le choix de son comportement tant que ça ne nuit pas à autrui.

«Je suis élue municipale sans étiquette depuis 2007. Il y a des choses primordiales à régler en France, l’éducation, l’emploi, des enjeux de cohésion sociale, je ne comprends pas que des hommes politiques en charge d’une nation, puissent accorder autant d’importance à ce genre de phénomène. Au lieu de se demander comment faire société, comment limiter la violence, ils créent des divisions et attisent les peurs. Si j’ai un appel à lancer aux dirigeants, c’est de calmer leurs angoisses. De leur rappeler qu’ils ont une grande responsabilité d’union de la nation. La France est multiple, cosmopolite, a plusieurs origines et il faut l’accepter.»

Dalila, 39 ans, directrice de services de protection de l’enfance, Tarare (Rhône)

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