domingo, 10 de maio de 2015

"La Grèce, cela nous concerne ! Par Patrick Le Hyaric"



Dans Les milieux d’affaires internationaux veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européennes.
Ce qui se passe en Grèce ­ les pressions qu’elle subit ­ concerne chacune et chacun d’entre nous. Ce dont il s’agit d’abord, c’est du droit pour un peuple, au sein de l’Union européenne, de choisir une autre politique que celle de l’austérité, du chômage et de la régression sociale qu’imposent, ensemble, institutions internationales et européennes, fonds financiers et banques avec les droites et les socialistes mués en soutiens zélés de l’oligarchie. Les mêmes avaient rejeté les « non » français et néerlandais, au projet de traité constitutionnel européen. Ils ne supportent pas le vote émis par le peuple grec le 25 janvier dernier, ni le gouvernement qu’il s’est donné. Celui-ci est sans cesse vilipendé, moqué, contourné et mis sous pression parce qu’il présente un programme nouveau plus favorable aux travailleurs, aux retraités, aux familles populaires et aux créateurs.

Un raisonnement simple permet de comprendre que ce changement de cap est bien nécessaire parce que toutes les recettes précédentes ont échoué. Elles n’ont permis ni la réduction de la dette, ni d’améliorer l’efficacité économique, les conditions de vie des familles. Que les vautours de la finance et leurs affidés dans les institutions osent donc dire ouvertement qu’ils s’opposent à la loi humanitaire votée par le Parlement grec qui rétablit l’électricité dans les foyers et met en place une aide alimentaire ! Qu’ils disent ouvertement qu’ils refusent les réembauches de quelque 4 000 salariés des secteurs publics et la mise en place d’un salaire minimum ! Qu’ils s’élèvent publiquement contre la réouverture de la télévision publique !
Jamais, sous les gouvernements précédents, le versement des tranches de prêt n’était conditionné à la lutte contre la fraude fiscale et la corruption, mais toujours à la baisse des salaires, des pensions de retraite et à la vente des biens communs publics de la nation. Et pour cause ! Ceux qui bénéficiaient de la fraude et de la corruption se trouvent dans cette oligarchie. Que les autorités européennes et le Fonds monétaire international livrent au public ce que ces profiteurs exigent réellement de la Grèce. Cette vérité éclairera les consciences.
Qu’ils disent que le nouveau gouvernement grec a déjà honoré cette année 7 milliards d’euros en remboursement et versement d’intérêts.Et qu’ils disent aussi que depuis le mois d’août 2014, l’État grec n’a touché aucun centime d’aucune institution. Et les 10 milliards d’euros exigés au pays d’ici la fin de l’été le placent dans une situation très critique. L’objectif pour les puissances dominantes est bien de faire plier le gouvernement grec, jusqu’à l’épuisement des liquidités budgétaires dont dispose l’État, pour obtenir soit plus de compromis défavorables aux travailleurs et à leurs familles, soit la capitulation. Déjà, le gouvernement a été contraint de prendre les liquidités des collectivités locales et de différents organismes publics. Dans les deux cas, le sabordage de l’économie qui empêche tout projet d’avenir vise à faire chuter le gouvernement de gauche. Une autre méthode que celle employée au Chili contre le gouvernement de Salvador Allende, présentée comme plus… légale !

Les milieux d’affaires internationaux veulent démontrer qu’aucune politique alternative n’est possible. Ils souhaitent désormais, à haute voix, éjecter la Grèce de la zone euro pour empêcher tout débat sur une transformation progressiste de la monnaie et de la Banque centrale européennes. Ils veulent poursuivre la contre-révolution antiprogressiste entamée depuis deux décennies et modifier profondément le spectre politique, afin d’éliminer, dans tous les pays, les gauches de transformation sociale et écologique. Le fait que le magazine « Time », dans un classement annuel, ait désigné Mme Le Pen comme personnalité française de l’année en dit long, très long sur leur projet.

DE NOMBREUX PAYS ONT BÉNÉFICIÉ D’EFFACEMENT DE DETTES DONT L’ALLEMAGNE, QUI DOIT TOUJOURS À LA GRÈCE AU MOINS 13 MILLIARDS.

Raison de plus de ne pas laisser faire, d’alerter, de provoquer des débats et des initiatives de solidarité. Une occasion est donnée avec la réussite du Forum européen des alternatives qui va se tenir à Paris, place de la République, les 30 et 31 mai. Ce qui est en jeu concerne nos vies quotidiennes, l’intérêt général, l’efficacité économique, les moyens de sortir de l’austérité, donc de la crise. En jeu, tout autant, le droit pour chaque peuple de choisir son destin et de pouvoir compter sur une Union européenne qui y contribue au lieu de s’y opposer.
Derrière cette question, il y a celle des « dettes » imposées dans le débat public par ceux qui en profitent allègrement. Ainsi l’essentiel de la progression de la dette française durant le précédent quinquennat ­ soit 600 milliards d’euros ­ est le résultat du soutien aux banques. Elle grossit sous l’effet des taux d’intérêt exorbitants que paie l’État à ces mêmes banques ou fonds financiers qu’il a contribué à sauver. La dette grecque est le résultat de multiples actions telles que le paiement de lourds emprunts pour le financement des jeux Olympiques, les contrats d’achat d’armes inutiles à la France et l’Allemagne, des taux d’intérêt très élevés versés aux banques françaises et allemandes, la fraude fiscale profitant essentiellement aux richissimes familles.

La décision d’installer à Athènes « une commission pour la vérité de la dette grecque » est donc une importante initiative à soutenir. Elle devrait être doublée d’une conférence européenne sur les dettes dans l’Union européenne pour faire la clarté sur leur nature, leur part illégitime et les moyens d’en sortir.

De nombreux pays ont bénéficié d’effacement de dettes. Ne serait-ce que l’Allemagne, en 1953 à l’occasion de la conférence de Londres. Et son président vient lui-même d’évoquer, pour la première fois, la dette d’au moins 13 milliards d’euros que l’Allemagne continue de devoir à la Grèce du fait d’un crédit forcé que le pouvoir hitlérien avait contracté auprès de la banque nationale grecque en 1942, auquel il faudrait ajouter les réparations pour crime de guerre jamais honorées.

Voilà une brèche ouverte qui donne raison à Alexis Tsipras. Ne laissons pas les banquiers et l’oligarchie écraser le pays d’Homère, d’Hérode, de Xénophon, Démocrite, Procope, Ritsos, Séféris et Elytis. Nous sommes concernés. Ne laissons pas assassiner la civilisation grecque.

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