terça-feira, 8 de dezembro de 2015

Camille Claudel - 08/12/1864


Si on se souvient de la tumultueuse sculptrice Camille Claudel (1864-1943), c’est pour sa relation passionnelle avec Auguste Rodin, pour son frère — le poète Paul Claudel, pour les conditions désastreuses de son internement psychiatrique, mais surtout pour son œuvre d’une grande puissance expressive. Dans cette lettre adressée à son amie Florence Jeans, la jeune femme alors âgée de 23 ans répond au fameux questionnaire qui deviendra celui dit « de Proust », distillant des réponses grinçantes et affirmées qui dénotent de ce caractère bien trempé qu’on lui a toujours prêté.


Ma vertu préférée.
Je n’en ai pas : elles sont toutes ennuyeuses.

La qualité que je préfère chez un homme.
D’obéir à sa femme.

La qualité que je préfère chez une femme.
De bien faire enrager son mari.

Mon occupation préférée.
De ne rien faire.

Mes principales caractéristiques.
Le caprice et l’inconstance.

Mon rêve de bonheur.
D’épouser le général Boulanger.

Quel serait mon plus grand malheur ?
D’être mère de nombreux enfants.

La couleur et la fleur que je préfère.
La couleur qui change le plus et la fleur qui ne change pas.

Ce que je voudrais être.
Un cheval de fiacre à Paris.

Le pays où je désirerais vivre.
Dans le coeur de monsieur Wilson.

Mon auteur favori en prose.
Monsieur Pellerin auteur des célèbres images.

Mon poète préféré.
Celui qui ne fait pas de vers.

Mon peintre et compositeur préféré.
Moi-Même.

Mes héros dans la vie réelle.
Pranzini ou Tropmann (au choix).

Mes héroïnes dans la vie réelle.
Louise Michel.

Mes héros dans la fiction.
Richard III.

Mes héroïnes dans la fiction.
Lady Macbeth.

Mes plat et boisson préférés.
De la cuisine de Merlatti (l’amour et l’eau fraîche).

Mes noms favoris.
Abdonide, Joséphyr, Alphée, Boulang.

Les animaux de compagnie que je déteste.
Les bonnes, les cochers et les modèles.

Les personnages historiques que j’aime le moins.
Ils sont tous désagréables.

État d’esprit actuel.
Il est trop difficile de le dire.

Fautes qui m’inspirent le plus d’indulgence.
Je tolère tous mes défauts mais pas du tout ceux des autres.

Ma devise.
Un « tiens » vaut mieux que deux « tu l’auras »

Cam. Claudel

16 Mai 1888

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