Camille Claudel (8 décembre 1864 – 19 octobre 1943) figure aujourd’hui parmi les femmes artistes les plus célèbres, grâce à une oeuvre aussi puissante que subtilement sensible. Cette lettre envoyée à Auguste Rodin fait figurer l’une des phrases les plus célèbres de la sculptrice ; phrase qui se retrouvera plus tard inscrite sur sa pierre tombale, dessinant le portrait d’une artiste engagée dans son art et qui reste encore, à bien des égards, incomprise.
Cher ami,
Je suis bien fâchée d’apprendre que vous êtes encore malade. Je suis sûre que vous avez encore fait des excès de nourriture dans vos maudits dîners, avec le maudit monde que je déteste, qui vous prend votre santé et qui ne vous rend rien. Mais je ne veux rien dire car je sais que je suis impuissante à vous préserver du mal que je vois.
Comment faites-vous pour travailler à la maquette de votre figure sans modèle ? Dites-le moi, j’en suis très inquiète. Vous me reprochez de ne pas vous écrire assez long. Mais vous-même vous m’envoyez quelques lignes banales et indifférentes qui ne m’amusent pas.
Vous pensez bien que je ne suis pas très gaie ici ; il me semble que je suis loin de vous ! et que je vous suis complètement étrangère. Il y a toujours quelque chose d’absent qui me tourmente.
Je vous raconterai mieux ce que j’ai fait quand je vous verrai. Je vais jeudi prochain chez Miss Faucett, je vous écrirai le jour de mon départ d’Angleterre. D’ici là, je vous en prie, travaillez, gardez tout le plaisir pour moi. Je vous embrasse.
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