Vita Sackville-West (9 mars 1892 – 2 juin 1962) et Virginia Woolf (25 janvier 1882 – 28 mars
1941), toutes deux écrivaines, se rencontrèrent en 1923, lors d’un dîner chez un ami commun, Clive Bell. Très vite, leur amitié se transforma en liaison amoureuse. Vita, dont l’époux était un diplomate anglais, était souvent affectée à de longs périples hors des îles britanniques. Ces voyages étaient prétextes à des lettres d’amour magnifiques, viscérales, présentant l’autre comme un essentiel vital, dont celle-ci que Vita écrivit après avoir tout avoué à Virginia concernant sa liaison avec Mary Campbell.
Je suis terriblement malheureuse depuis hier soir. Je me suis aperçue subitement que ma vie entière était un échec, dans la mesure où je me suis révélée incapable de créer une seule relation humaine parfaite — Que puis-je y faire, Virginia ? Montrer plus de résolution, je suppose. De toute façon, je ne créerai plus jamais l’occasion de nouvelles erreurs ! Ma chérie, je te suis reconnaissante ; tu as mille fois raisons de dire ce que tu as dit ; ça m’a donné du ressort ; je me laisse trop facilement aller à la dérive.
Mais écoute-moi bien, il faut que tu saches et que tu croies que tu représentes à mes yeux quelque chose d’absolument vital. Je n’exagère nullement en disant que je ne sais vraiment ce que je deviendrais si tu cessais d’avoir de l’affection pour moi, — si j’en venais à t’irriter, — à t’ennuyer. Tu m’as énormément troublée en me parlant de Clive comme tu l’as fait. À coup sûr, tu ne pouvais songer à rien de sérieux ? Oh non, ce serait par trop impensable. Je ne veux pas me tourmenter pour cela — Il y a tellement d’autres choses qui me tourmentent !
Ma chérie, pardonne-moi mes fautes. En mon for intérieur je les hais, et je sais que tu as raison. Mais ce sont des petits défauts idiots de surface. Mon amour pour toi est absolument vrai, vivant et inaltérable.
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