Des chaînes dans la tête
Habi Mint Rabah a été sauvée malgré elle. Quand des militants antiesclavagistes sont venus la cueillir au campement de ses maîtres, en 2007, elle s'est débattue avec l'énergie du désespoir. Elle ne leur avait rien demandé. Elle refusait de bouger.
« J'étais presque bébé quand on m'a remise à cette famille. Mes premiers souvenirs sont avec eux. » Bien sûr, elle n'avait pas eu les mêmes privilèges que les autres enfants. Elle devait plutôt les servir du matin au soir. Mais pour elle, ce n'était pas injuste. Elle croyait simplement que c'était sa place dans le monde.
« L'esclavage, en Mauritanie, n'est pas comme on l'imagine en Occident, avec des victimes enchaînées, battues, forcées à travailler. Ici, les chaînes sont dans la tête », dit Aminetou Mint El Mokhtar, une militante des droits de la personne qui a convaincu Habi Mint Rabah de renoncer à sa vie d'esclave.
Cela n'a pas été simple. Elle a dû procéder à une lente déprogrammation. En Mauritanie, l'esclavage héréditaire fait en sorte que pendant des générations, on a fait accepter aux victimes leur statut de possession. Ils sont totalement dépendants des maîtres qui les habillent et les nourrissent. Sans éducation, ils ne comprennent pas leurs droits.
La situation complique la tâche des antiesclavagistes. Pas facile de libérer des gens qui refusent de l'être, admet le porte-parole de l'Initiative pour une résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Hamady Lehbouss. « Les esclaves sont en état de reconnaissance envers leurs maîtres. Ici, les parents d'une victime qui tente de s'affranchir risquent de témoigner contre elle ! »
C'est le genre d'esclavage dont les sudistes, à l'époque, auraient rêvé dans leurs champs de coton. En Mauritanie, les chaînes invisibles sont ancrées si solidement dans des siècles de soumission que même l'intrépide Django de Tarantino n'aurait pas réussi à les briser.
Isabelle Hachey
« J'étais presque bébé quand on m'a remise à cette famille. Mes premiers souvenirs sont avec eux. » Bien sûr, elle n'avait pas eu les mêmes privilèges que les autres enfants. Elle devait plutôt les servir du matin au soir. Mais pour elle, ce n'était pas injuste. Elle croyait simplement que c'était sa place dans le monde.
« L'esclavage, en Mauritanie, n'est pas comme on l'imagine en Occident, avec des victimes enchaînées, battues, forcées à travailler. Ici, les chaînes sont dans la tête », dit Aminetou Mint El Mokhtar, une militante des droits de la personne qui a convaincu Habi Mint Rabah de renoncer à sa vie d'esclave.
Cela n'a pas été simple. Elle a dû procéder à une lente déprogrammation. En Mauritanie, l'esclavage héréditaire fait en sorte que pendant des générations, on a fait accepter aux victimes leur statut de possession. Ils sont totalement dépendants des maîtres qui les habillent et les nourrissent. Sans éducation, ils ne comprennent pas leurs droits.
La situation complique la tâche des antiesclavagistes. Pas facile de libérer des gens qui refusent de l'être, admet le porte-parole de l'Initiative pour une résurgence du mouvement abolitionniste (IRA), Hamady Lehbouss. « Les esclaves sont en état de reconnaissance envers leurs maîtres. Ici, les parents d'une victime qui tente de s'affranchir risquent de témoigner contre elle ! »
C'est le genre d'esclavage dont les sudistes, à l'époque, auraient rêvé dans leurs champs de coton. En Mauritanie, les chaînes invisibles sont ancrées si solidement dans des siècles de soumission que même l'intrépide Django de Tarantino n'aurait pas réussi à les briser.
Isabelle Hachey
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