segunda-feira, 17 de outubro de 2016

"On me dit "toi, c'est pas pareil""


Je vis dans un village de 300 habitants. Aux dernières élections régionales, ils ont voté à plus de 40% pour le Front national. Mais moi, "c’est pas pareil". Les gens me disent "les Arabes, ils sont fous, mais toi c’est pas pareil", "elles nous font chier avec leur voile, avec leur religion à la con, mais toi c’est pas pareil". Quand on me voit, on me dit "t’es algérienne" mais je me sens à 400% française. Les autorités ont demandé aux gendarmes d’être devant les écoles. Quelques jours après la rentrée, des parents d’élèves ont dit : "Regarde, il y a les flics parce que des gens sont radicalisés et fichés S." Il y avait une femme voilée à 10 mètres. Elle est née ici, elle a grandi ici. Ils ont commencé à dire : "Elle a une ceinture sous sa robe, elle va se faire péter", "c’est elle qui s’est radicalisée". Je bouillais, ça m’a rendue folle. Ces gens, je les appelle "les BFM". BFM, c’est leur Bible.

«L’islam me tient à cœur. Ma religion m’apaise et me donne une ligne de conduite : le respect, l’entraide. Je fais mes prières, je mange halal. Pour l’Aïd, mes enfants n’iront pas à l’école, on fera un goûter. C’est notre Noël à nous. Mais ta religion est dans ton cœur, c’est personnel. Je n’irai pas demander à l’école un repas halal pour mes enfants. J’ai dit qu’ils étaient végétariens. Ça ne va pas les tuer de ne pas manger de viande un repas sur deux. Je suis mariée avec un Français, catholique, baptisé, qui s’est converti. Pendant les repas de famille, il y a du pinard, du halal, du végétarien, du végétalien… On s’en fiche parce qu’on s’aime. Je suis allée en vacances à Alicante, il y avait une nana en burkini, une nana les miches à l’air, qu’est-ce que j’en ai à faire ? Dans les années 80-90, ma mère allait dans l’eau tout habillée à Dieppe et ça ne gênait personne.

«Moi, je ne ressens pas le besoin de porter le voile, je ne suis pas arrivée à maturité religieuse. Et puis je joue au foot, je ne me vois pas courir en short, tête découverte, et après aller me voiler. Toutes ces polémiques me font mal au cœur pour mes enfants. Quand on était à l’école, il n’y avait pas tout ça, on était potes, point. Je n’imagine même pas que demain quelqu’un vienne dire à mon fils "sale Arabe". Moi je ne l’ai pas vécu.»

Amel, 30 ans, mère au foyer, Chis (Hautes-Pyrénées)

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