Dans son incroyable Journal Anne Frank offre à l’humanité l’un des témoignages historiques les plus poignants de la condition des Juifs pendant la Seconde Guerre Mondiale. À l’origine, le texte est une collection de lettres qu’elle écrivit à son amie imaginaire Kitty pendant qu’elle et sa famille se cachaient de l’Occupation nazie. Naturelles et lucides, ses pages rédigées dans le secret et la crainte sont parfois l’occasion de réflexions qui dépassent les soucis de la guerre. En témoigne cet extrait à propos de la condition féminine.
On peut concevoir que l’homme, grâce à sa plus grande force physique, a depuis le départ exercé sa domination sur la femme ; l’homme gagne sa vie, l’homme engendre les enfants, l’homme a le droit de tout faire… Il faut dire que les femmes sont idiotes de s’être tranquillement laissé imposer cette règle jusqu’à récemment car plus celle-ci se perpétue à travers les siècles, plus elle s’enracine. Heureusement, les femmes ont quelque peu ouvert les yeux grâce à l’école, au travail et au développement. Dans beaucoup de pays, les femmes ont obtenu l’égalité des droits ; beaucoup de gens, des femmes surtout mais aussi des hommes, s’aperçoivent maintenant à quel point cette division du monde, en place depuis si longtemps, était injuste, et les femmes modernes exigent des droits pour parvenir à une indépendance totale !
Mais cela ne suffit pas, le respect de la femme, voilà ce qu’on attend encore ! De manière générale, dans toutes les parties du globe, l’homme suscite l’admiration ; pourquoi la femme n’a-t-elle pas le droit de bénéficier, en priorité, d’une part de cette admiration ? […]
Je ne veux absolument pas dire que les femmes doivent s’opposer à mettre des enfants au monde, au contraire, la nature est ainsi faite et c’est sans doute très bien comme cela. Je condamne simplement les hommes et tout le fonctionnement du monde, qui n’ont jamais voulu prendre conscience du rôle important, difficile mais en fin de compte magnifique, lui aussi, que joue la femme dans la société. […]
Je pense que la conception selon laquelle la femme a le devoir de mettre les enfants au monde se modifiera au cours du prochain siècle et fera place à du respect et de l’admiration pour celle qui, sans renâcler et sans faire de grandes phrases, prend de tels fardeaux sur ses épaules.
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